Tuava Goyave
Tuava Goyave
Ce fruit qui vous veut du bien
C’EST UN PETIT FRUIT ROND, JAUNE, QUE L’ON VOIT PENDRE SUR DES ARBRES MALINGRES SOUVENT, ACCROCHÉS À DES TERRAINS PAS TOUJOURS FAVORABLES. MAIS UNE FOIS CUEILLIS, QUEL PARFUM, QUEL VOYAGE SENSORIEL. SI CE N’ÉTAIENT CES DAMNÉS PÉPINS, CE FRUIT PARFAIT, ENTRE FRUIT DE LA PASSION, AGRUME ET PAPAYE, SERAIT DANS NOS ÎLES UNE VRAIE CÉLÉBRITÉ.
Le goyavier est un arbre de la famille des Myrtacées qui peut atteindre 8 mètres de haut. Son nom botanique, Psidium Guajava, vient à la fois du grec Psiein (donner à manger) et de l’adaptation de l’arawak (Indiens Caraïbe) guaiaba. En français, on a d’abord écrit gouiave (1601), avant que ne soit figée l’orthographe actuelle. Si elle ne pose pas de problème, sa prononciation « à la française, si ! ». Les Antillais ont ainsi reproché que goyage (go-yave ou plutôt [ɡɔ.jav] en écriture phonétique) ne soit pas prononcé goi-yave [ɡuɑ.jav]. « On ne dit pas ro-yal (mais royal) ou vo-yage (mais voi-yage), ou bo-yaux, ou lo-yal, ou no-yade, ou bro-yage, ou vo-yante, ou no-yau, ou impito-yable, ou flambo-yant, ou prévo-yant, ou cro-yant, mais bizarrement on dit go-yave ! », s’exclament les pétitionnaires d’une réclamation tout à fait sérieuse parue le 17 avril 2017. « Cette prononciation – selon eux – ne transmet pas la succulence, la douceur et le bonheur que procure ce fruit dans sa prononciation normale. »
C’est bon, mais invasif
Le goyavier a été introduit en Polynésie en 1808 selon certaines sources. Il s’agirait alors soit du navire General Wellesley (1807) soit du brick australien Hibernia, commandé par le capitaine William Campbell (1809), ces deux seuls navires ayant été recensés à Matavai et dans les Tuamotu ces deux années précisément (Langdon, 1975). Or, des plants d’avocatier ne semblent pas avoir été listés comme faisant partie de l’une ou l’autre cargaison. Il semble plutôt que ce soit le révérend Henry Bicknell qui, en 1815, apporta les premiers avocatiers en provenance du Brésil. Toutefois, ce même Henry Bicknell faisait partie de l’équipage de Campbell en 1809. Nous ne saurons donc pas, à quelques années près, quand ni où les premiers pieds d’avocat furent plantés. Mais il est certain que les Anglais prononçaient (et encore maintenant) la goyave guava. Les Tahitiens l’ont ainsi adapté en tuava. Il existe même un tuava tinitō ou goyavier de Chine, plus petit, aux fruits de couleur rouge, moins présent que l’on trouve sur quelques collines de l’intérieur de l’île.
‘Ua para te tuava i uta ‘e ‘ua pou mai-ra te pua’a ‘ōviri e ‘amu i te mā’a. « Les goyaves de la montagne sont mûres et les cochons sauvages sont descendus pour en manger les fruits », dit le proverbe. Ils ne sont pas les seuls : les oiseaux aussi ! Or, sa dissémination par les graines transportées dans les excréments des volatiles fait que le goyavier est partout présent, jusqu’à devenir, parfois, une peste pour les végétaux endémiques.
Une goyave pour 1 kilo d’oranges
Le fruit, entre 4 et 9 cm, a une peau fine, fragile et comestible, de couleur vert clair à jaune vif. C’est, comme l’avocat ou la banane, un fruit climactérique dont le parfum est fort et caractéristique. Sa chair est blanche, jaune, rose ou rouge. Elle présente une zone extérieure assez ferme et sans graines et une zone intérieure gélifiée entourant de nombreuses graines dures (on les appelle sclérifiées) de 3-5 mm de long : disons-le d’emblée : la meilleure et la plus pénible partie à déguster !
La goyave est riche en pectine, en vitamines A, B et C ; elle est plus riche en vitamine C que les agrumes habituels, sa peau comestible en contenant près de cinq fois plus qu’une orange. Elle contient aussi des quantités importantes de calcium, ce qui est peu courant dans un fruit et bien sûr des fibres. Elle possède des qualités pectorales, toniques et anti-diarrhéiques.
La pleine saison
A Tahiti, les fruits sont mûrs entre décembre et avril. C’est donc le moment pour profiter de ce fruit qui se prête très bien à la préparation de jus ou de nectars. Comme son parfum est très apprécié, on en fait également des sorbets, du sirop, de la pâte de fruit, de la gelée ou de la confiture, toutes deux très appréciées dans les pâtisseries. A Tahiti, elle est la base de délicieuses tartes et des traditionnels tuava pie. Nos chefs et pâtissiers sont heureux de vous dévoiler ici leurs secrets de préparation.
USAGES VARIÉS DU TUAVA
Ses feuilles et ses baies sont utilisées dans diverses infusions qui ont la propriété de réduire la glycémie, mais sont contre-indiquées pour les diabétiques. Le bois n’est jamais très épais au niveau du tronc ou des branches, mais il est assez dur pour servir à fabriquer divers objets tels que des manches à outils. En ra’au tahiti (pharmacopée traditionnelle), les feuilles, les fruits jeunes non mûrs et l’écorce sont utilisés en infusion pour stopper la diarrhée. En sens inverse, une goyave très mûre rétablit le transit rapidement, au même titre qu’une papaye. Les feuilles, en décoction ou en application locale, accélèrent la cicatrisation des lésions de la peau. Elles ont aussi un grand pouvoir anesthésique qui permet de soulager les maux de dents et les maux de gorge. La pulpe de goyave est employée comme soin hydratant et régénérant pour la peau du visage et du corps. Aux Marquises, les goyaves vertes écrasées sont considérées comme un excellent remède contre les contusions. (source : Tahiti Héritage)
VALEUR NUTRITIONNELLE
Pour 100 g
Calories : 68 kcal
Eau : 81 g
Glucides : 14,3 g
Protéines : 2,6 g
Lipides : 0,9 g
Fibres alimentaires : 5,4 g Vitamine C : 228 mg
Vitamine A : 31 mg
Potassium : 417 mg
EN RÉSUMÉ ? MANGEZ-EN.
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