Painapo Ananas de Moorea
Painapo Ananas de Moorea
Si l’ananas n’a rien d’endémique et ne fut porté à la connaissance des polynésiens qu’à la fin du 18e siècle, quand Bligh l’a apporté à Tahiti en 1792, son adaptation au climat tropical, son fruit juteux, sucré, son parfum divin, en a tôt fait un incontournable des plantations polynésiennes, Moorea en tête.
L’île de Moorea est le plus gros producteur de Polynésie, avec 2400 tonnes environ d’ananas. Ce chiffre est peut-être même sous-estimé en raison des petites exploitations familiales vivrières qui écoulent leurs fruits directement, hors COPAM (Coopérative des Planteurs d’Ananas de Moorea qui fournissent principalement l’usine de jus de fruits de l’île). En surface, cela représente environ 100 hectares plantés aujourd’hui. Près de 40 ans plus tard, les 2 sociétés emploient 50 personnes et font vivre plus de 100 planteurs ou producteurs.
La haute saison de récolte s’étire de novembre à février (durant l’été austral). Les besoins étant réguliers tout au long de l’année, des chercheurs ont mis au point un système surnommé TIF. Cette « technique d’induction florale » permet d’avoir également du fruit en basse-saison (juin-septembre, durant l’hiver austral) grâce à une hormone de croissance pulvérisée au cœur de l’ananas, même si les quantités alors produites sont moindres. Certaines années offrent des productions suffisantes pour couvrir les besoins de l’usine et la consommation de fruits frais de la population. D’autres, comme 2017, sont plus problématiques (900 tonnes produites seulement quand les besoins de l’usine tournent autour de 1600 tonnes).
AGRICULTURE BIO OU CONVENTIONNELLE ?
À ce jour, la culture de l’ananas est une culture raisonnée. Le seul traitement chimique utilisé permet de lutter contre les herbes rampantes qui viennent grever la bonne maturité de la plante. Des engrais sont aujourd’hui utilisés pour enrichir le sol. Des jachères seront prochainement mises en place pour une durée minimale de 6 mois, tous les 3 ans, afin de permettre à la terre de se régénérer. Mais il n’y a pas en Polynésie française d’attaques d’insectes ou de champignons sur l’ananas, donc aucun traitement pesticide ou fongicide. Seuls Fiji et le Vanuatu bénéficient des mêmes conditions. Le fait que ce ne soit pas une agriculture intensive en est l’une des raisons. D’où la nécessité de garder les techniques actuelles même si elles s’avèrent plus coûteuses que les « intensives ». Cependant, il est important de souligner que l’ananas est une filière très peu soutenue par les pouvoirs publics. Or, les populations agricoles vieillissent et se renouvellent peu. Sans valorisation de ce secteur, les quelques filières en place seront fragilisées, à court terme.