Mahimahi Daurade coryphène
Mahimahi Daurade coryphène
Quand on plonge, alors que la chasse est ouverte, on ne distingue jamais, sous l’eau, le mahimahi qui file, redouté prédateur à la poursuite d’une proie ou lui-même pourchassé. On n apercoit qu un arc-en-ciel, fusant à la vitesse de l’éclair, les bandes dorées de son ventre tournoyant avec les éclairs bleus et verts de son dos puissant.
D’où son surnom de daurade caméléon. Attrapé, ce poisson du grand large dévoilera une chair parmi les meilleures des espèces pélagiques.
Dans notre monde, tout est lié, très souvent.
Le trimestre dernier, vous avez fait connaissance avec le mārara, poisson volant fascinant qui nage si vite et si haut qu’il finit hors de l’eau, toutes ailes déployées, pour fuir ses prédateurs de l’océan, mahimahi en tête.
Or, ce mārara a bien des ennemis et l’homme, chasseur de dorades, bien des alliés. Une espèce de fou notamment, appelé par les locaux manu rarahi, vole en bande. Mais s’il repère un mārara, il n’hésite pas à voler sur lui. Or, pour le pêcheur, si mārara il y a, un ou des mahimahi suivent certainement.
Durant des centaines d’années, les Polynésiens ont mis à l’eau une de leur pirogue à voile. Suivant le vent, l’état de la mer, sa fraîcheur, leur connaissance des saisons, des migrations, des courants, ils pêchaient à la traîne. Le combat était alors presque égal : le poisson ne se fatiguait pas facilement, mais avait face à lui des hommes déterminés. Quand le leurre et le fil ne cédaient pas, le repas du soir était divin. Sinon, quelques racines devaient suffire à
calmer la faim…
Depuis les années 1970, suite à l’invention d’un bateau particulier, le poti mārara, dix années plus tôt, par Léonard Deane, un pêcheur d’Arue, le combat contre les mahimahi est devenu plus aisé, en raison de la rapidité du bateau, qui a l’avantage d’être piloté d’une main tandis que l’autre peut tenir un harpon. Mais plus sportif aussi.
Revenons à notre manu rarahi. Notre fou a eu un sacré coup d’œil, car il est rejoint sur place par deux autres oiseaux, bien connus des pêcheurs : le ’oio, noddi brun et le uouo, une gygis ou sterne blanche. Or cette dernière adopte un vol particulier quand c’est un mahimahi : son battement d’ailes est régulier, maîtrisé. Quand il s’agit de bonites, il est nettement plus rapide. Apprentis pêcheurs, voici de précieux indices à utiliser lors de votre prochaine pêche au gros.
Le mahimahi dépasse rarement 20 kilos, mais il atteint facilement son 1,80 m. Avec sa bosse puissante sur la tête (pour les mâles), un coup est vite pris. Soyez prudents.
Côté recettes, nos chefs se sont surpassés pour vous présenter un mahimahi totalement revisité. Non que le filet sauce vanille ne soit pas fort goûteux, non que le mahimahi bouilli tel que le faisaient nos grands-parents n’évoquent pas de bons souvenirs, mais il y a tant d’autres manières de mettre cet excellent poisson à l’honneur de nos tables…