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Kaveu de Makatea Crabe de cocotier

Kaveu de Makatea Crabe de cocotier

Kaveu (Birgus latro) 1

Kaveu de Makatea Crabe de cocotier

Le crabe de cocotier, Birgus latro, ’aveu dans les îles de la société, kaveu aux Tuamotu (prononcé cavéou), est le plus grand arthropode terrestre. Quand on le regarde sans le déranger, il semble pataud. En fait, ce gros animal nocturne impressionne par son agilité, sa rapidité, sa force et… son apparence, sorte de croisement improbable entre un crabe et une mygale. Avec ses pinces surpuissantes qui cassent une noix de coco avec la facilité d’une pelleteuse. Une fois ouvertes, ce sont les crabes juvéniles qui s’en emparent, pour devenir bernard-l’ermite et protéger ainsi leur abdomen encore mou. Le kaveu s’empare de toute noix qui lui tombe sous la pince, mais aussi de tout ce qui a l’apparence d’aliments, y compris à l’intérieur d’une maison. D’où son nom latin, brigues latro, qui en a fait un crabe voleur (ladrón en espagnol). Il sait saisir à la volée des rats imprudents, se régale d’œufs de tortue, mais aussi, à l’occasion de charognes. Le crabe de cocotier bouge par saccades ses antennes comme le font les insectes pour améliorer la perception. Ainsi il peut distinguer des odeurs intéressantes à de grandes distances, en particulier celles provenant de ses sources de nourriture : la viande en décomposition, la banane, la noix de coco…

Le géant des Tuamotu
C’est est un animal hors du commun avec les yeux rouges, la couleur de sa carapace peut varier du bleu violet au rouge orangé en passant par les différents tons de bruns. Adulte, il pèse jusqu’à 4 kg, mais certains spécimens peuvent peser plus de 15 kg.
Il mesure 40 cm de long et a une envergure d’une patte à l’autre pouvant atteindre un mètre. Le mâle est généralement plus grand que la femelle.

Zoé deviendra grande
Les crabes de cocotier s’accouplent fréquemment et rapidement sur la terre ferme de mai à septembre. Le mâle et la femelle se battent, puis le mâle retourne la femelle sur le dos pour l’accouplement qui dure environ quinze minutes. Il transfère un paquet de sperme sur la face ventrale de la femelle. Peu après, la femelle pond entre 50 000 à 150 000 œufs qu’elle porte dans le bas de son abdomen pendant environ un mois.
A la fin de la période d’incubation, la femelle libère ses oeufs dans la mer sous l’action des vagues à marée haute, peu après la nouvelle lune. Une fois dans l’eau de mer, les oeufs vont éclore pour donner naissance à une larve appelée zoé qui flotte sur la mer. Moins d’une larve sur mille survit assez longtemps pour se fixer sur la terre ferme. Trois à quatre semaines plus tard, le jeune crabe est prêt à conquérir le milieu terrestre et cherche alors une coquille protectrice. Il grandit vite
pendant sa première année, mue trois fois et doit donc changer quatre fois de coquille. Vers 1 an sa carapace se durcit, il quitte alors sa coquille de protection et s’installe dans la zone côtière au bord de l’océan. A l’âge de trois ans, il devient mature et quitte l’océan pour la forêt, où il s’aménage des terriers dans des trous existant naturellement ou se cache sous les racines des arbres ou sus les palmes de cocotier. Il ne sort que la nuit pour ne pas être la proie des prédateurs et éviter la chaleur de la journée. Adulte, il ne mue ensuite qu’une fois par an dans une chambre de mue creusée dans une zone meuble à 50 cm de profondeur. Il y trouve humidité, fraîcheur et protection contre les prédateurs.
Le crabe de cocotier des deux sexes atteint la maturité sexuelle à l’âge de 5 ans. Il peut vivre jusqu’à 40 à 60 ans, mais certains chanceux peuvent atteindre 100 ans.

Kaveu (Birgus latro) 4

Trop chassé ?
C’est aussi un mets délicieux. On le trouve dans certaines îles basses dans Tuamotu, là où on lui fiche la paix, entendez par là : Tiarao, Tikei. Mais surtout sur la plus imposante d’entre elle, perchée, de façon surprenante car c’est le seul cas de Polynésie orientale, sur ses falaises comme un échassier dans sa mare, Makatea. Siège durant près d’un demi-siècle de l’exploitation de phosphate, l’île survit aujourd’hui avec une petite population paumotu, coincée entre un passé perdu dans les songes de prospérité et un avenir incertain, très proche de Tahiti mais trop éloignée à la fois. Makatea, dominant l’océan de ses hautes falaises uniques, est une île à part en Polynésie. Comme à Tikei ou Tiarao, minuscules atolls, il n’y a pas à Makatea d’anthropisation des lieux, entendez par là la nuisance
humaine qui gêne les habitudes du crabe ou transformer et réduit son habitat. Ailleurs en Polynésie, si. C’est pourquoi, en 2016, le gouvernement a souhaité réglementer sa chasse. C’est du pur bon sens et c’est ce qui doit être fait partout pour toutes espèces. Le Kaveu, depuis deux années maintenant, est donc surveillé, sans être protégé réellement : en Polynésie française, il n’est pas menacé de disparition. Pour autant, modifier ou dégrader ses habitats, généralement la dense végétation de bord de mer) est puni de sanctions, de même que prélever des individus trop petits (dont le thorax est inférieur à 4 cm) ou qui muent.
Le kaveu est très apprécié des Polynésiens. Sa chasse est une activité populaire à Makatea. L’odeur de la noix de coco attirant les crabes, on les appâte avec une noix de coco ouverte en deux et fichée sur un piquet, à 50 cm de hauteur environ, à proximité de leur refuge souterrain. Pister les crabes de cocotier peut devenir pour les visiteurs une manière originale d’aborder l’île. Suivre des chasseurs expérimentés de Makatea et les observer vous fera vivre une vraie expérience culturelle pa’u motu.

Sous surveillance
Jusqu’en 2028, le Territoire doit donner les moyens à des équipes de biologiques d’étudier le kaveu et d’en mieux comprendre l’évolution, les habitudes, la reproduction.
Il aura fallu arriver au 21e siècle pour se rendre compte que son cycle de croissance est lent et son cycle de vie complexe méconnu… Mieux vaut tard que jamais. Après cette période d’étude, on saura si l’homme polynésien est capable de gérer une consommation rationnelle de ce crabe ou s’il devra disparaître du panthéon de la gastronomie polynésienne, faute de modération, comme c’est le cas de tant d’autres espèces dans le monde.

Source: Tahiti héritage, TNTV, Havaiki.

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A retrouver dans le magazine Tama’a n°03

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