‘autera’a (amandes de badamier)
‘autera’a (amandes de badamier)
Les ’autera’a nous régalent…
C’est l’un des arbres qui apporte ombre bienfaisante et atmosphère bucolique aux plages de Polynésie. Si on ignore l’aire d’origine précise du badamier (c’est son nom), en reo ma’ohi ’autera’a, on l’apprécie en raison de son ombrage et de la qualité de son bois. De celle de son fruit aussi ?
Sa large chevelure de feuilles vertes aux bords dorés apporte une ombre bienfaisante aux bords de route poussiéreux ou au sable trop chaud des bords de lagon.
A Tahiti, on le connaît sous le nom de’autera’a. L’arbre présent à l’origine en Polynésie était endémique est connu des scientifiques sous le nom terminalia glabrata. A-t-il été apporté par les Mā’ohi, les vents ou les courants ? On ignore son lieu d’origine, même si on le soupçonne d’être né dans la grande et belle île de Papouasie Nouvelle-Guinée, d’où il aurait conquis l’Afrique, l’Asie, l’Océanie puis l’Amérique. Toujours est-il qu’il s’est répandu, en quatre variétés différentes, dans quatre des cinq archipels de Polynésie orientale (sauf les Tuamotu).
Aujourd’hui, on rencontre plus souvent deux nouvelles espèces importées par les Européens : une s’épanouit sur les littoraux sableux (Terminalia samoensis, relativement rare), l’autre (terminalia catappa, issu de l’indonésien Katapang), plantée un peu partout dans les districts, est surnommée dans nos îles ’autera’a popa’a.
Dans les années 1940, quelques ateliers de tannage du cuir avaient pignon sur rue à
Tahiti. Les badamiers, dont l’écorce est très tannique, furent alors utilisés dans cette petite industrie. Avant cela, c’est le ra’au tahiti qui s’intéressa à l’arbre endémique : ses jeunes pousses de feuilles, en décoction, soulagent la toux, apaisent les bronchites et certaines autres inflammations, réduit certaines infections (urinaires notamment) et l’hypertension artérielle.
Le ’autera’a mesure jusqu’à 25 m de hauteur et plus de 1 m de diamètre. On le reconnaît à son allure, étageant ses larges branches horizontales sur plusieurs niveaux. Les arbres les plus âgés sont en outre reconnaissables aux contreforts qui assistent leur tronc, comme ceux des antiques églises gothiques soutenant les piliers d’une nef imaginaire. Lors de la floraison, l’arbre se couvre d’épis piquetés d’innombrables fleurs blanches odorantes, régal des abeilles. Ces fleurs donnent une coque verte, drupe ovoïde (nom donné aux fruits avec noyaux, comme les olives ou les abricots…) qui, arrivée à maturité, se pare de rouge. C’est elle qui contient le fruit : la plus douce des amandes. Mais aussi la plus petite !
Cette amande est de si petite taille qu’il faut les doigts fins, mais aussi la patience des enfants, pour la récolter. C’est pour cela que ce sont souvent les petits qui se régalent. Ils cassent la graine avec une pierre, dévoilant, au cœur de la coque soyeuse, une amande très goûteuse, d’un gramme à peine. Si, au Vanuatu, elle est en vente, fraîche ou grillée, voire en huile (d’une excellente qualité, et qui présente l’avantage de ne pas rancir) sur les marchés, elle n’est pas commercialisée à Tahiti. La déguster reste la récompense d’un moment passé à flâner en bord de mer.