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Re’a Tahiti Curcuma

Re’a Tahiti Curcuma

Rea Tahiti-1

Re’a Tahiti Curcuma

Le Ra’au Tahiti qui épice les plats

Le curcuma longa est une épice que l’on trouve partout dans le monde. Son nom vient de l’arabe kurkum qui signifie jaune.
A Tahiti, on le connaît sous le nom re’a, que l’on distingue du gingembre (re’a chinois, ici appelé tinitō). Il a toujours eu de multiples utilisations, que ce soit en teinturerie, en médecine traditionnelle locale (ra’au tahiti) et en cuisine, où les chefs le transforment de multiples façons.

C’est un végétal magnifique, qui sert de plante ornementale à de nombreux jardins, en bordure de fa’a’apu (potager). Cette plante herbacée, surnommé safran d’Océanie, safran des Indes ou turmeric, peut atteindre 1 mètre de hauteur. Ses longues feuilles en forme de pointe de lance, un peu à la manière du hopui sèchent au bout de quelques mois (entre 7 et 9). A la place, un épi se forme, piqueté d’une multitude de magnifiques fleurs à pétales blancs qui tirent parfois vers le jaune ou le mauve. Le curcuma naît-il de leur beauté exotique ? Du tout : c’est sous terre, à l’abri du soleil polynésien, que se forment les rhizomes, de couleur orangée, au bout de longs filaments tortueux et velus : la plante sera alors déterrée et le re’a Tahiti récolté par la racine.

De multiples utilisations
Contrairement à d’autres fruits ou tubercules, le re’a tahiti a toujours été utilisé par les Polynésiens, avant et après la présence européenne. Il a sans doute été rapporté dans les îles de Polynésie orientale par les navigateurs explorateurs polynésiens, il y a un peu plus d’un demi-millénaire. L’origine de cette plante est généralement admise en Asie du sud-est.
Le Père Laval dans son  Histoire ancienne de Mangareva, a décrit les  préparations du curcuma aux îles Gambier, où le re’a se prononce et s’écrit rega.

« Aux îles Gambier, les plantations de rega étaient contrôlées par les taura-rega (sorcier guérisseur). Quand le rega fleurissait, les racines étaient lavées puis mise en fécule au moyen d’un instrument en tresse de coco. La fécule passait par plusieurs eaux puis se déposait et devenait dure, avant d’être bonne à cuire. Pendant tout le temps que durait ce travail, les nuits se passaient à chanter en l’honneur des dieux, et tous devaient observer la continence (absence de rapports sexuels, Ndlr). On savait si la cuisson avait réussi, quand le taura-rega soufflait par le trou percé au fond du récipient. Si en le renversant sur une pièce de tapa blanc et en soufflant, la fécule se détachait facilement du récipient, la cuisson était parfaite ; sinon elle était manquée et une honte lourde à porter retombait sur ceux à qui le rega appartenait, car ils passaient pour avoir eu parmi eux quelqu’un qui n’avait pas vécu chastement pendant le temps prescrit. »

Rea Tahiti-poudre

Enduit de danses rituelles
A Tahiti et aux Marquises, le tubercule de re’a Tahiti était largement employé, jusqu’à une époque récente, pour teindre les vêtements. La couleur obtenue, jaune-ocre, était de toute beauté. Au cours des cérémonies polythéistes, avant la propagation du christianisme, les jeunes gens et les jeunes filles qui prenaient part aux danses rituelles devaient s’enduire le corps d’une teinture à base des racines fraîches de curcuma râpées, qu’ils faisaient macérer dans de l’huile de coco, en y ajoutant quelques herbes aromatiques. Quand l’huile s’était suffisamment chargée du principe colorant, il ne restait plus qu’à filtrer et à distribuer le liquide aux danseurs. Ceux-ci, une fois les danses terminées, avaient beaucoup de peine à se débarrasser de cette couleur, malgré des bains fréquents.

racine médicinale

Les vertus thérapeutiques multiples du curcuma sont utilisées depuis longtemps en pharmacopée traditionnelle chinoise, indienne et polynésienne. L’effet antibactérien puissant de la curcumine permet de soigner les blessures, les brûlures et les ecchymoses par simple saupoudrage sur la plaie. C’est un très bon antioxydant, un anti-inflammatoire et un antalgique puissant qui traite les douleurs dues à l’arthrite et au rhumatisme. Il stimule le foie, les sécrétions biliaires, traite l’acidité gastrique et autres troubles digestifs, atténue les nausées, soulage les douleurs de l’estomac. Il aide à abaisser le taux cholestérol et à fluidifier le sang en complément d’un régime alimentaire adapté. C’est pourquoi il est préférable de ne pas l’associer d’emblée à des médicaments anticoagulants sans avis médical.
Ses composés phénoliques, caroténoïdes et curcuminoïdes font du re’a un produit de traitement contre l’acné  ; c’est un anti-irritant et anti-inflammatoire que l’on trouve dans les produits de cosmétique (crèmes solaires, nettoyants pour la peau)  ; enfin, son action anti- oxydante reconnue en fait un des ingrédients phares des crèmes contre le vieillissement cutané.
Les Marquisiens avaient aussi l’habitude de s’enduire de suc de racine pour protéger les parties dénudées de leur corps des piqûres de moustique.
Le re’a est l’une des plantes les plus utilisées dans la pratique de l’Ayurveda.

L’épice qui magnifie la cuisine locale
Bien avant l’époque des conservateurs synthétiques, le curcuma jouait déjà ce rôle comme additif alimentaire : on lui attribuait le pouvoir de conserver la fraîcheur des aliments (antioxydants). En cuisine, le re’a Tahiti sert à relever les goûts et à colorer les plats.

Les rhizomes sont utilisés frais ou séchés et transformés en poudre.
C’est une épice très aromatique à la saveur légèrement poivrée et un peu musquée, avec un goût piquant légèrement amer. Dans la cuisine polynésienne, il est râpé, frais, parfois séché en poudre, souvent mélangé avec du lait de coco, pour les currys tahitiens (kārī, re’a tehutehu). On le retrouve dans un nombre incalculable de recettes locales, autant pour les produits de la mer (mollusques) qu’avec des volailles à la peau croustillante, cuisinées au citron et re’a. Le curcuma est souvent incorporé dans des jus de fruits naturels locaux pour ses vertus énergisantes ou de détoxication. En cuisine, il est parfois associé avec du poivre qui augmente ses effets. Un régal dont on peut, pour une fois, abuser.

Entre autres sources : Tahiti héritage

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Produit en question…

A retrouver dans le magazine Tama’a n°09

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