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Vi tahiti  Mangue tahitienne ou pomme cythère

Vi tahiti  Mangue tahitienne ou pomme cythère

Pomme Cythère-coupe

Vi tahiti
Mangue tahitienne ou pomme cythère

la première pomme des anciens Polynésiens

Le prunier de cythEre, vī Tahiti pour les PolynEsiens, pomme d’or pour les Espagnols, est un de ces fruits qui se confond avec l’histoire, les traditions et une certaine idEe du patrimoine naturel de nos archipels. Il nous a paru normal de le mettre A l’honneur de ce NOUVEAU numEro de Tama’a plein de douceurs sucrEes et consacrE aux desserts.

«  Bougainville arrivant à Tahiti, après une traversée triste et monotone, nomme l’île Nouvelle-Cythère, et voit dans chaque Tahitienne une déesse digne de fouler les prés toujours fleuris de Paphos et d’Amathonte »
écrivait poétiquement Félix Jacquot en 1849.

La pomme de l’amour
Bougainville avait besoin, pour requinquer son équipage touché par le scorbut, de manger des produits frais, parmi lesquels fruits et légumes. Le vī Tahiti, encore vert quand Bougainville mit pied à terre à Hitia’a, sur les terres du chef Ereti (lire l’histoire de ces quelques jours de rencontre dans InstanTANE #1, #2 et #3 sur https://www.tahitimagazines.com/), fut identifié et décrit sous le nom de prunier de Cythère. Il porte aussi les synonymes d’arbre de Cythère ou de pommier de Cythère (Spondias dulcis, à ne pas confondre avec Sponcias Dulcis, le hui polynésien, qui est une autre espèce d’arbre à petites pommes et sur lequel nous aurons le plaisir de revenir, en même temps que le ’ahi’a).

Mangez des fibres… en tout cas essayez !
Le fruit est charnu (drupes) ovoïde, de 7 centimètres de long environ. Il vire du vert-jaune pâle à une belle couleur jaune doré en mûrissant, ce qui lui a valu son nom espagnol de manzana de oro (pomme d’or). Sous la peau, la chair comestible est vert pâle à jaune clair. L’arbre présente un feuillage caduc, autrement dit qui perd ses feuilles au moment de la floraison. Il est aisé de reproduire un plan de vī tahiti : soit on plante sa graine quand l’arbre en produit, soit on prend une branche secondaire, que l’on plante dans une terre meuble et riche : très vite, la branche prend racine et, au bout de 18 mois à deux ans, donne des fruits. On a longtemps pensé que le vī tahiti était endémique des îles hautes de Polynésie orientale. En fait, il semble qu’il soit plutôt originaire d’Asie du sud-est. Son introduction en Polynésie fut le fait des anciens Polynésiens eux-mêmes, lors de leurs grandes migrations de peuplement, aux alentours de l’an mil.

De multiples usages
On a l’habitude, sur les bords de route, d’acheter pour quelques centaines de francs Pacifique des petits tas appétissants de mangues, celle qu’on appelle localement la vī popā’a ou papā’a. Elle a surclassé la vī tahiti pour une raison simple : sa chair est certes goûteuse, mais surtout sans les milliers de filaments qui rattachent la chair et sa peau au noyau, au point de rendre la dégustation peu aisée, voire pénible. Les matahiapo (vieilles personnes) restent très attachées à ce fruit traditionnel, les jeunes beaucoup moins. Ou plutôt dans sa forme brute. Car le vī tahiti, transformé, fait le délice de toutes les générations.

Pomme Cythère-Vi Tahiti

On le consomme ainsi de plusieurs façons :
• Pas tout à fait mûr, en mai, en tranches moins filamenteuses, trempé dans de l’eau de mer salée ou avec un peu de citron
• Réduit en poudre, il rend succulent les bonbons chinois, en apportant une sucrosité appréciée qui apaise l’acidité du bonbon.
• On peut l’attendrir avec du vinaigre, comme la mangue traditionnelle, et le sucer ainsi en évitant les fibres omniprésentes. En Asie du Su-est, il est d’ailleurs plutôt croqué vert, comme un condiment, que consommé pour sa sucrosité. Même les jeunes feuilles, lors de leur repousse, sont cueillies par les Thailandais notamment et se mangent comme des légumes, passés à la vapeur ou au wok.
• Comme il est signalé par Daniel Pardon dans le livre Guide des fruits de Tahiti et ses îles (Ed. Au Vent des Îles, 2005, et que tout nouveau résident de Polynésie doit avoir dans sa bibliothèque), le vī tahiti rend le chutney de Tahiti unique au monde.
• On le consomme aussi en confiture : cuit puis pressé, il perd son côté fibreux déplaisant et cet arrière-goût de térébenthine, tout en renforçant ses arômes.

Tant de bienfaits
Enfin, on peut presser le vī tahiti, comme les Antillais aiment le déguster. Mélanger avec d’autres fruits, c’est un régal. Il faut dire qu’il ne manque pas d’atouts.

Tahiti Héritage en a énuméré les bienfaits :
«  La Pomme Cythère contient de la provitamine A, vitamine C, du calcium, du fer, des fibres. Elle a des propriétés qui agissent sur la coagulation du sang, sur la contraction des muscles, sur la solidité des os et des dents, sur les défenses immunitaires, sur le renouvellement des tissus. Elle protège des maladies cardio-vasculaires, est anti-anémique et anti-stress. »

La pharmacopée tahitienne traditionnelle emploie les fruits verts (mā’a puu*), les jeunes feuilles ou les jeunes pousses (omou) dans de nombreux traitements. Les jeunes pousses de vī tahiti, associées à d’autres feuilles et racines sont prescrites en potion et en gargarisme pour soigner les angines. Le vī tahiti est considéré comme le traitement spécifique des intoxications alimentaires provoquées par de vieilles boites de conserves ou des poissons avariés.
* à ne pas confondre avec mā’a punu, la conserve. Le vī tahiti n’est donc pas une pomme-conserve, et encore moins une pomme-citerne, comme on la surnomme en Nouvelle-Calédonie (lire la Brousse en folie sur internet)
Aux temps anciens, le tronc du vī tahiti était employé pour parfaire la construction des pirogues en bois : sa sève fluide et visqueuse servait de colle forte pour joindre les différentes pièces de bois et assurer ainsi une partie de l’étanchéité de l’embarcation.

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Produit en question…

A retrouver dans le magazine Tama’a n°10

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