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L’adresse, modeste, en fond de cour d’un petit centre de services, cache bien son jeu. Son jeune chef, Teao Maiarii, a ouvert ce restaurant il y a deux ans. Sa philosophie, travailler les produits locaux ? Non, travailler les goûts locaux plutôt, étudier la culture du goût polynésien, la façon dont il s’est construit : être ma’ohi, c’est avant tout savoir se nourrir chaque jour. De là découlent les ahi ma’a, rahui, etc. Pour lui, le ma’a tinito est l’un des plats les plus représentatifs des Polynésiens : créé par un Chinois de Tahiti pour les Tahitiens, avec des produits locaux et européens, aidé pour être réalisé et bien sûr partagé par tous : un vrai ciment culturel. Chez Teao, la cuisine s’apparente à un style de vie, mettant en œuvre des scènes de vie, reproduisant des écosystèmes. Mettez-vous là et observez : dans l’eau pure de la rivière, des chevrettes clapotent au frais du courant. Sur la rive droite, du cresson baigne ses racines dans la terre riche et humide du rivage. A gauche, une taraudière partage le bout de son champ avec quelques pieds de rea tahiti… une recette est en train de naître !
Pour lui, la cuisine s’inscrit dans le temps long. Il lui faut parfois plus d’un an pour achever une recette. Perfectionniste ? En fait, il considère qu’il est toujours en apprentissage : observer, écouter, pratiquer, transmettre.
Ce jeune homme, à la carrure aussi imposante que le ton est posé présente un parcours atypique : parti en métropole après son bac S, c’est en licence de physique chimie qu’il remet en question son cursus. Une carrière dans l’administration ou l’enseignement, pas pour lui. Soit. Mais abandonner ses études signifie travailler. En commençant par Mac Do, durant six mois. Là, il est séduit par le rythme infernal, l’effervescence du service. Ça ne le quittera plus : quand d’autres aiment gérer ou créer, lui attend chaque jour le bonheur du coup de feu ! A partir de 2011, il multiplie les expériences en cuisine, : restaurant traditionnel, brasserie, gastro, luxe…Plongeur, commis, chef de partie, second de cuisine enfin, il observe, beaucoup, ne compte pas ses heures, rattrape son retard la nuit, reproduit avec talent et progresse, évidemment. Vient le retour à Papeete, la nomination de sa compagne sur Taravao, l’ouverture de l’Umete, le tout avec une sérénité apaisante. Que voulez-vous : quand on fait du bien avec du bon, que peut-il arriver de mal ?