Tereva Galopin est un paradoxe : c’est un homme pressé qui aime prendre son temps. Il est longiligne comme une asperge et pourtant goûte à tout, tout le temps. Il est concentré, sérieux, presque froncé, penché sur le dressage de ses plats, pour mieux se redresser, clignant d’un œil et souriant, visage illuminé. On le prendrait pour un artiste, ce jeune master en histoire de l’art, licencié en philosophie (oui, aussi), jouant avec le temps qu’il fait et celui qui passe, toujours trop vite, mais dont il retient la bride à coups de cuissons minutées, de dialogues avec les clients et de courses au marché.
Il est presque né en cuisine avec Jean, son père, créateur de l’Auberge du Pacifique au début des années 1980,véritable institution de Punaauia jusqu’à la fin des années 2000. Jean Galopin, ancien de la Tour d’Argent, c’est un maître des cuissons et un saucier hors pair. Du patrimoine culinaire. Et le patrimoine, quand on a fait histoire de l’art, on le sauvegarde. Tereva part à Paris, bénéficie du savoir de l’étoilé Christian Constant (Le Violon d’Ingres), revient, crée le Soufflé en 2014, un bistrot comme on aime les découvrir généralement dans les grandes villes de France. Puis, quand Jean et Margaret décident de lever le pied et de lâcher le fouet (de cuisine, évidemment !), il reprend les rênes du Sully, où Jean a développé l’art des plats de terroir, daubes, pintades en cocote, joues de bœuf… Soutenu par ses collaborateurs, jeunes et dynamiques, il y passe sa vie, jonglant entre les deux adresses, en composant, souriant et construisant sa vie, à son rythme. A ne pas manquer quand vous passez par là…